Quand la colère gouverne

Un instant, le suicide prend place dans ma tête. Les actions se succèdent dans mon esprit aveuglé par la douleur. Je ne veux pas vivre, demain, je ne veux pas revivre, ce soir. S'il vous plait, quelqu'un, venez à mon secours! Le désepoir entre et ressort de mes poumons, pendant que je me repasse dans les détails les actions à accomplir, une dernière fois, avant de dire "adieu". Tout est déjà prévu, dans ma tête: j'avale la boîte complète de Laroxyl, avec les deux fins des deux autres que j'ai piquées et planquées dans mon tiroir. Mes écrits, mes documents et ma lame de rasoir ==> direction mon casier, que je referme à clef. Je planque là clef. Là, je devrais commencer à me sentir mal. J'attrape un papier et écris mes derniers mots. Je ne sais pas encore ce que j'écrirais. Sûrement: "Désolée. Je n'en peux plus." ... Alors que cette -prochaine- scène maquabre et débordante de détresse défile dans ma tête, soudain je revois la promesse que j'ai écrite il y a quelques mois: "Promis, je ne me suiciderais pas tant que je serais au dessus de 15 d'IMC." Et là, une sensation... de détermination, empreinte de colère, m'envahie. "Je vais leur montrer de quoi je suis capable". La hargne grimpe en moi. "Je vais leur montrer que moi aussi je vaux quelque chose!". Je serre les poings et les dents, la colère brille dans mes yeux. Un objectif indéniable, comme a dit ma mère. "Tu es en train de perdre la boule!", s'inquiète t-elle... Le docteur m'a prévenue, mais moi je suis plus forte que lui! Plus forte que "ça"! Je vais leur montrer, moi, que je vaux quelque chose! A eux qui n'ont jamais rien vu! J'existe! J'EXISTE !! Ils ne m'enfermeront pas! Jamais je n'irais à l'hôpital pour ça! C'est impossible alors arrêtez vos conneries! Arrêtez de mentir!! Je ne suis pas malade! Je vais leur montrer, moi, que je peux faire beaucoup mieux que ça!... J'ai dis au docteur-thérapeute que "ça va! Je gère.", il était septique mais qu'importe. Qu'on ne me parle plus de ça. Plus jamais. Sauf si je tombe trop bas mais c'est impossible! Alors taisez-vous! Laissez moi!...
C'est la colère qui me gouverne, à présent. La détermination sans bornes a prit le pas sur le désespoir et la tristesse. Un objectif inconnu devant moi. L'assouvicement d'une autodestruction que je ne vois pas, à laquelle je ne crois pas. Un tissu de mensonge. Je bous, à l'intérieur...
Je suis partie de 48 kilos, début Août. Je savais que cette fois j'irais jusqu'au bout. Lequel? Où? Quand? Impossible de répondre. Je jette l'éponge et de l'autre je plonge. Ma seule motivation. La rage brûle en moi. Vous n'avez jamais rien vu, maman, papa. Attendez vous à des étincelles de douleur. Sans limites aucunes.